bara
                Joseph Bara, tableau de David

Bara (Joseph)


Enfant martyr républicain (1779-1793)

Le document de départ

          L'histoire de Joseph Bara, le petit tambour, est un des mythes républicains les plus répétés dans les écoles primaires jusqu'à nos jours. Il a fait pleurer des générations d'écoliers.

          Dans la réalité, c'est le neuvième enfant d'un garde-chasse du prince de Condé, né à Palaiseau le 30 juillet 1779. Il ne fait pas partie de l'armée, mais travaille comme domestique pour un officier, Desmarres, cantonné à Bressuire. Le 7 décembre 1793, alors que Joseph Bara promène deux chevaux dans la campagne pour leur donner de l'exercice, il est assailli par des voleurs qui s'emparent des animaux et tuent le pauvre enfant. Desmarres signale le fait au ministre de la Guerre et sollicite une pension pour la mère de l'enfant.

Le délire

          Cette note, qui est le document historique sur lequel tout repose, émeut Robespierre. Barère invente une vie mythique au pauvre Joseph Bara. Il en fait un jeune tambour pétri d'idées révolutionnaires, et lui fait crier " Vive la République ! " en mourant sous les balles ennemies.

          " Bara est célèbre à treize ans, s'enthousiasme Barère à la tribune. Il a déjà, avant que d'entrer dans la vie, présenté à l'Histoire une vie illustre. Il nourrissait sa mère et mourut pour la Patrie ; il tuait des brigands et résistait à l'opinion royaliste.
          C'est cette vertu qui doit présenter son exemple à tous les enfants de la République, c'est son image traçée par les pinceaux du célèbre David que vous devez exposer dans toutes les écoles primaires ."

          Robespierre emboîte le pas à Barère, en plus emphatique comme d'habitude, ainsi que le rapporte le Moniteur Universel du 28 décembre 1793 (8 nivôse an II)

          " Je veux parler de Barra, ce jeune homme âgé de 13 ans a fait des prodiges de valeur dans la Vendée. Entouré de brigands qui, d'un côté, lui présentaient la mort, et de l'autre lui demandaient de crier Vive le roi ! il est mort en criant Vive la République ! Ce jeune enfant nourrissait sa mère avec sa paye, il partageait ses soins entre l'amour filial et l'amour de la Patrie. Il n'est pas possible de choisir un plus bel exemple, un plus parfait modèle pour exciter dans les jeunes coeurs l'amour de la gloire, de la Patrie et de la vertu, et pour préparer les prodiges qu'opérera la génération naissante. En décernant des honneurs au jeune Barra, vous les décernez à toutes les vertus, à l'héroïsme, au courage, à l'amour filial, à l'amour de la Patrie.
          Les Français seuls ont des héros de 13 ans, c'est la liberté qui produit des hommes d'un si grand caractère. Vous devez présenter ce modèle de magnanimité, de morale à tous les Français et à tous les peuples ; aux Français, afin qu'ils ambitionnent d'acquérir de semblables vertus, et qu'ils attachent un grand prix au titre de citoyen Français ; aux autres peuples, afin qu'ils désespèrent de soumettre un peuple qui compte des héros dans un âge si tendre. Je demande que les honneurs du panthéon soit décernés à Barra, que cette fête soit promptement célébrée, et avec une pompe analogue à son objet et digne du héros à qui nous la destinons. Je demande que le génie des arts caractérise dignement cette cérémonie qui doit présenter toutes les vertus, que David soit spécialement chargé de prêter ses talents à l'embellissement de cette fête ."


Le fanatisme juvénile

Affiche des JNP jeune tambour
Pavlik Morozov
L'invention et la glorification du fanatisme juvénile est une constante des dictatures. En 1932, Staline célèbre le jeune délateur Pavlik Morozov, héros et martyr du communisme.

           Pavlik est un enfant de paysans, membre de l'organisation de jeunesse communiste des Pionniers. Il dénonça son père à la police politique pour avoir dissimulé un stock de céréales, ce qui en fait un héros de la grande cause socialiste. Le père fut fusillé.

             Le brave Pavlik fut lynché par ses voisins, ce qui en fit un excellent martyr de la grande cause.
       
 Hitler n'est pas en reste dans le même registre. Le jeune Horst Wessel avait quitté l'école pour rejoindre le parti nazi et les SA. Vivant à Berlin avec une ancienne prostituée, il fut tué au cours d'une bagarre.

          Goebbels, responsable de la propagande du parti nazi, en fit un martyr assassiné par les communistes. Le chant de Horst Wessel , le " Horst Wessel Lied ", fut adopté comme un des hymnes du régime, et reconnu par la loi comme un symbole national le 19 mai 1933.
Horst Wessel


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ContreCulture/Bara Version 1.1