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Aragon (Louis)Poète français progressiste (1897 –1982) |
"J'ai
bien
l'honneur, chez moi, dans ce livre, à cette place, de dire
que,
très consciemment, je
conchie
l'armée
française dans sa totalité."
(Traité du
style 1928)
"Je
vous
avoue que je n'ai pas détesté la vie de soldat.
Au fond
j'aurais fait un pas trop mauvais militaire et d'ailleurs je me suis
toujours bien entendu avec les
militaires."
(A Denise Bourdet,
1964)
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"Les
trois
couleur à la voirie !
"Je vous salue, ma France, où l'oiseau
de passage Le drapeau rouge est le meilleur ! De Lille à Roncevaux, de Brest au Mont-Cenis Leur France, jeune travailleur Pour la première fois a fait l'apprentissage N'est aucunement ta Patrie" (1932) De ce qu'il peut coûter d'abandonner un nid !" (1944) |
"Il
s'agit de
préparer le procès monstre d'un monde monstrueux Aiguisez demain sur la pierre Préparez les conseils d'ouvriers et soldats Constituez le tribunal révolutionnaire J'appelle la Terreur du fond de mes poumons … Je chante le Guépéou (2) qui se forme en France à l'heure qu'il est Je chante le Guépéou nécessaire de France Je chante les Guépéous de nulle part et de partout Je demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde pour défendre ceux qui sont trahis pour défendre ceux qui sont toujours trahis Demandez un Guépéou vous qu'on plie et vous qu'on tue Demandez un Guépéou Il vous faut un Guépéou Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste Vive le Guépéou contre Dieu Chiappe et la Marseillaise Vive le Guépéou contre le pape et les poux Vive le Guépéou contre la résignation des banques Vive le Guépéou contre les manœuvres de l'Est Vive le Guépéou contre la famille Vive le Guépéou contre les lois scélérates Vive le Guépéou contre le socialisme des assassins du type Caballero Boncour Mac Donald Zoergibel Vive le Guépéou contre tous les ennemis du prolétariat." ("Prélude au temps des cerises" dans Persécuté-Persécuteur, Ed Denoel, 1931) |
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"Je
veux parler
de la science
prodigieuse de la
rééducation de
l'homme,
qui fait du criminel un homme utile, de l'individu
déformé par la société
d'hier, par les
forces des ténèbres, un homme du monde de demain,
un
homme selon l'Histoire. L'extraordinaire
expérience du canal de la mer Blanche à la
Baltique,
où des milliers d'hommes et de femmes, les bas-fonds d'une
société, ont compris, devant la tâche
à
accomplir, par l'effet de persuasion d'un petit nombre de
tchékistes (3)
qui les
dirigeaient, leur parlaient, les convainquaient que le temps est venu
où un voleur, par exemple, doit se
requalifier, dans une
autre profession –
Cette extraordinaire expérience
joue par rapport à la nouvelle science le rôle
l'histoire
de la pomme qui tombe devant Newton par rapport à la
physique.
Nous sommes à un moment de l'histoire de
l'humanité qui
ressemble en quelque chose à la période du
passage du
singe à l'homme. Nous sommes au moment où une
classe
nouvelle, le prolétariat, vient d'entreprendre cette tâche historique
d'une grandeur sans précédent : la
rééducation de l'homme par l'homme".
(Pour
un réalisme socialiste. Ed
Denoël et
Steele,
Paris1935)
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![]() "Le
travail libère" : Slogan à l'entrée du
camp d'Auschwitz
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"A
l'usine de
tracteurs de Tcheliabinsk, pendant la construction de cette usine,
plusieurs fois les brigades de bétonneurs ont
organisé
des soirées
d'émulation socialiste au cours
desquelles il
s'agissait de remplir et vider le mélangeur de
béton au
lieu de 140 fois, comme c'est la normale d'une journée, 200
fois
et plus. Une large assemblée assistait
à ce
spectacle qui
se poursuivait au son d'un orchestre jouant des airs de danse et des
chansons. Une brigade arriva à fournir en une nuit le
chiffre
incroyable de 200 mélangeurs."
(Note
du poème Valse du Tcheliabtraktrostroï,
dans Hourra
L'Oural,
Ed Denoël et
Steele, 1934)
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"
Le
pacte de
non-agression avec l'Allemagne, imposé à M.
Hitler qui
n'avait pas d'autre possibilité que de capituler ainsi ou de
faire la guerre, c'est le triomphe de cette volonté de paix
soviétique. (…) Et que ne vienne pas ici comparer le pacte de non-agression germano-soviétique qui ne suppose aucun abandon de la part de l'URSS aux pactes « d'amitié » qu'ont signés les gouvernements toujours en exercice en France et en Angleterre avec M. Hitler : ces pactes d'amitié avaient pour base la capitulation de Munich… L'URSS n'a jamais admis et n'admettra jamais de semblables crimes internationaux. Silence à la meute antisoviétique ! Nous sommes au jour de l'effondrement de ses espérances. Nous sommes au jour où l'on devra reconnaître qu'il y a quelque chose de changé dans le monde et que, parce qu'il y a l'URSS, on ne fait pas la guerre comme on veut." (Ce
soir, 23 août 1939)
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" La
France doit
à Staline tout ce que, depuis qu'il est à la
tête
du parti bolchevik, il a fait pour rendre invincible le peuple
soviétique, et dans son armée rouge, et dans sa
confiance
en Staline, l'homme qui disait que gouverner c'est prévoir,
et
qui a toujours prévu juste… La France doit
à Staline son
existence de nation pour
toutes les raisons que Staline a
données aux hommes soviétiques d'aimer la paix,
de
haïr le fascisme, et particulièrement pour la
constitution
stalinienne, qui est une de ces raisons, pour lesquelles un grand
peuple peut également vivre et mourir. (…)
Merci à Staline pour ces hommes qui se sont forgés à son exemple, selon sa pensée, la théorie et la pratique stalinienne ! Merci à Staline qui a rendu possible la formation de ces hommes, garants de l'indépendance française, de la volonté de paix de notre peuple,de l'avenir d'une classe ouvrière, la première dans le monde montée à l'assaut du ciel et que l'on ne détournera pas de sa destinée en lui faisant voir trente-six étoiles étrangères, quand elle a de tels hommes à sa tête !" (Les
lettres françaises, mars 1953)
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" Barrant
la
route à ceux qui furent les alliés de Hitler, aux
représentants de la réaction et du Vatican que le
traître Nagy avait installé au gouvernement, la
classe
ouvrière hongroise, dans un sursaut énergique, a
formé un gouvernement ouvrier et paysan qui a pris en main
les
affaires du pays. Ce gouvernement prolétarien (…)
a
demandé à l'armée
soviétique de contribuer
à la restauration de la paix intérieure. Le Parti
Communiste Français approuve pleinement la conduite du
gouvernement ouvrier de Hongrie (…). Face à
l'offensive
acharnée et bestiale des fascistes, des féodaux
et de
leurs alliés les princes de l'Église, pour
restaurer en
Hongrie le régime terroriste de Horthy, il eut
été
inconcevable que l'armée des ouvriers et des paysans de
l'URSS
ne répondit pas à l'appel qui lui
était
adressé alors que les meilleurs fils de la classe
ouvrière hongroise étaient massacrés,
pendus,
ignoblement torturés."
(Journal l'Humanité
du 27 octobre 1957)
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" Le fait
de discuter de la technique du vers écarte
nécessairement
aujourd'hui du vers aberrant, individuel,
décomposé, qui
a perdu ses caractéristiques chantantes et que le peuple ne
peut
entendre, qui ne résonne pas dans le cœur du
peuple, pour
ramener les poètes au langage
national, énorme et longue expérience collective,
langage
que l'on avait désappris à écrire, et
que la
nécessité de parler pour
la nation entière a remis à l'ordre du jour.
Cette
reconstruction de notre vers traditionnel sert de tous les points de
vue la cause du réalisme en poésie ; elle est
l'expression même du sentiment national menacé par
l'individualisme et la dénaturalisation de la culture, les
abandons des caractéristiques de notre poésie
française exigés de nous comme sont, en
même temps,
exigés de nous les abandons de notre souveraineté
nationale."
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" La réévaluation critique de notre patrimoine national est l'une des tâches déterminantes de l'art de parti. L'artiste, l'écrivain communiste, doit avoir sans cesse en mémoire le mécanisme même par lequel Maurice Thorez a fait de notre parti ce qu'il est, quand il a appris à la classe ouvrière la signification de Jeanne d'Arc, celle de la Marseillaise, quand il lui a rendu son drapeau" |
" Je pense qu'en attribuant ce prix à un écrivain français, il [le comité des prix Lénine] a voulu marquer la place particulière, dans un combat commun à l'énorme majorité des hommes de ce siècle, non seulement de l'art d'écrire, mais d'écrire en français, c'est-à-dire en France, du milieu d'un peuple que la géographie et l'histoire ont placé à une charnière du monde, en un point où plusieurs fois les idées communes à l'humanité en marche ont pris force matérielle en s'incarnant dans la masse vivante, et où toute défaillance demain, tout à l'heure, pourrait avoir pour ce peuple, mais pour tous les autres, des conséquences incalculables." |
Qu'y a
t'il de commun entre
Maurice
Barrès, écrivain de droite, boulangiste,
antidreyfusard, antisémite,
et
Aragon le communiste, donc forcément progressiste, ouvert
sur le monde et
l'avenir ? La nation française. Elle permet à notre poète de retrouver ses vrais repères, y compris sur le dos des écrivains de son propre camp. |
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"
L'année
de ma première communion, j'avais onze ans, M. Feuilloy, mon
professeur de français à l'école
Saint-Pierre de
Neuilly, me fit donner comme premier prix de narration
française
les Vingt-Cinq années de vie littéraire de
Maurice
Barrès, pages choisies, avec une introduction d'Henri
Brémond. La
lecture de ce
livre fut pour moi un grand coup
de
soleil, et il n'est pas exagéré de dire qu'elle
décida de l'orientation de ma vie.
(...) Il n'est pas vrai que cette prose soit entortillée : et je songe aux cris de putois qu'on pousserait si je disais simplement ce que je pense de la prose de Proust ou de Valery, alors qu'aujourd'hui toute licence est donnée contre l'admirable langage. C'est que la place occupée par Barrès prosateur, ce sont les hommes de la Nouvelle Revue Française, pratiquant comme personne la méthode de l'ôte-toi de là que je m'y mette, qui l'ont les premiers, et à leur profit personnel, niée ; la critique sans mesure de Barrès n'a fait place nette qu'au Nathanaël des Nourritures Terrestres, que Gide n'aurait jamais enfanté tout seul, et qui a vilainement renié ce qu'il devait à son véritable père, Barrès. Mais enfin, de Barrès à Gide, l'homme ne monte pas ; il descend. Quant à l'écrivain, il n'est qu'à voir le désossement progressif de la prose française, faute d'autres maîtres que des escamoteurs, pour ressentir l'absence de Barrès, que n'a pu combler Giraudoux. (...) Aujourd'hui, il (Barrès) ne pourrait admettre le réarmement de l'Allemagne et les incidences de la politique américaine sur l'indépendance française. Barrès est l'expression de la bourgeoisie de son temps, qui était nationaliste et chauvine, mais il ne peut être aujourd'hui réclamé par une bourgeoisie qui a perdu le sens national et qui, pour conserver ses privilèges et ses biens matériels, est prête à faire bon marché de l'indépendance nationale, à sacrifier la patrie à une coalition d'intérêts sous la direction de l'étranger. J'ai le regret d'avoir à dire que, pour étroit qu'il soit, le nationalisme de Barrès est plus proche de ce que je ressens, et sans doute de ce que ressent aujourd'hui l'avant-garde ouvrière dans notre pays, que l'internationalisme, disons de M. Guéhenno : car, comme Barrès, les hommes de notre peuple ne sont pas disposés à sacrifier ce qui est national, à une Europe, par exemple, fabriquée par MM. Blum et Churchill, et financée par M. Marshall. (...) J'irai plus loin. Je dirais qu'il y a beaucoup d'écrivains dont l'idéologie est progressiste, mais dont les romans, même écrits aujourd'hui, à la comparer avec Le Roman de l'Energie Nationale, sont régressifs, réactionnaires en tant que romans. C'est dans l'esprit où Engels opposait Balzac à Zola que je crois pouvoir opposer ce Barrès-là à bien des romanciers qu'aiment ceux de mes amis qui pensent comme M. Etienne Borne que nul aujourd'hui n'oserait se déclarer barrésien.(...). Et, au delà des enthousiasmes de ma jeunesse, pour toutes les raisons que je viens de dire, dans la mesure exacte où il faut prendre parti pour ou contre, quand on vient à avoir à choisir entre le roman politique ou la haine du roman politique, entre la reconnaissance de la vérité nationale et sa négation pure et simple, entre, non pas le matérialisme mécaniste et le matérialisme dialectique, mais le matérialisme quel qu'il soit et la condamnation théologique du matérialisme, et caetera, eh bien, oui, décidément, en ce sens, je me considère comme barrésien." |
![]() Barrès
à la commémoration de
Jeanne d'Arc
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