En Bretagne, nous prenons des positions !
Le camp des minoritaires Plus la gauche se préoccupe de son identité de gauche, moins elle est fonctionnelle. Quand on se regarde dans la glace du matin au soir, le partage des richesses n’est pas à l’ordre du jour. On y défend une image de soi, les intérêts de sa catégorie socio-professionnelle, mais pas un projet social. La "gauche indépendantiste bretonne", la mal-nommée, ne défend ni les Bretons, ni les travailleurs. Elle défend les minoritaires, de préférence étrangers à la Bretagne et aux préoccupations populaires. Indépendantistes lointains, migrants, LGBT, vegans, se succèdent sur scène. Les Bretons du monde réel et les travailleurs (les vrais, pas les prolétaires de mythologie) ne sont pas des minoritaires suffisamment pittoresques, ni assez proches du Tiers-monde. Dans la rue, les sketches "antifascistes" révèlent une régression spatio-temporelle vers l’Épuration de 1945… sans les tondues, féminisme oblige ! Il faut, soit égaler l'héroïsme mythique de grand-papa, soit expier ses mauvais choix. C’est Che Guevara neutralisé par Freud et rééduqué par maître Yoda. La tradition nationaliste catalane La Catalogne s’inscrit dans une tradition d'adaptation au mouvement de l'Histoire, de convergence des catégories sociales et de négociation politique. Cette tradition nous est étrangère. La culture nationaliste bretonne est tiers-mondiste, la leur est européenne. Le premier modèle européen du XXème siècle est l’indépendance de la Norvège en 1905. Une autre sécession intéressante est celle de l’Islande en 1944. Lors de la chute de la puissance soviétique, des leçons peuvent être tirées de l’indépendance de la Lettonie en 1991, suite à un référendum. Un autre cas très européen est le divorce de velours entre la république tchèque et la Slovaquie. La souveraineté du Montenegro est proclamée en 2006, après un référendum populaire. La crispation de Madrid vise à troubler la stratégie catalane et à favoriser les indépendantistes tiers-mondistes. Dans ce cas, les deux traditions nationalistes pourraient entrer en conflit, et la confusion s’installer au profit des unionistes. Prendre des positions L’histoire qui se fait en Catalogne nous fait prendre des positions. Ah, prendre des positions !... Prendre des positions sur la Catalogne, le Kurdistan, le code du travail, les fainéants, le productivisme, les compteurs Linky, le glyphosate, les homosexuels ! Ce n’est pas "Comment peut-on être breton ?" ou "le Manifeste du Parti Communiste" qui est notre vraie référence, mais le Kamasoutra. Pour prendre des positions, nous sommes les champions ! Sortir d’une pensée réductrice Le SNP écossais serait de "centre gauche". Le catalan Puigdemont serait de "centre droit". Pfuttt… Le centre est une zone grise. Les sectaires et les arriérés y rangent les vrais insoumis, ceux qui préfère l'intelligence aux idéologies. Nos représentants les plus efficaces dans les instances représentatives françaises, comme Paul Molac, ont su évoluer. Paul a rejoint LREM. La revendication bretonne ne peut s’expliquer ni se résoudre avec des équations sociales étrangères à notre espace-temps. Sans doute serait-il bon d’évoluer vers un nationalisme communautaire de type européen. Et nous inspirer de la trajectoire catalane, plutôt que de "prendre des positions". JPLM
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