Communauté et société
Quand on parle de nationalisme breton, on parle d’une communauté
et des moyens de la faire perdurer et s’épanouir.
C’est à la communauté que pensait Morvan Lebesque
quand il écrivait : "A cette
heure, des enfants naissent en Bretagne... Seront-ils bretons ? Nul ne
le sait... A chacun, l'âge venu, la découverte... ou
l'ignorance... ". Les communautés fonctionnent selon le schéma darwinien reproduction-variation-sélection. Le mouvement y est continuel. La communauté se reproduit, varie et sélectionne en permanence ses variations. L’affirmation
identitaire, la différence linguistique, la création
culturelle sont des composantes du nationalisme. L’objectif
du nationaliste est la reproduction de la communauté et la
transmission de ses richesses, immatérielles et
matérielles.
JPLMRégionalisme, autonomisme, fédéralisme, ou indépendantisme sont des objectifs qui concernent la société bretonne. L’évolution d’une société est différente de l’évolution d’une communauté. Les stratégies sociales sont donc différentes des stratégies communautaires. L’évolution des sociétés est rythmée par des révolutions sociales, politiques ou technologiques. C’est le cycle accumulation-destruction-substitution que l’on peut attribuer à Joseph Schumpeter (1883-1950). Karl Marx (1818-1883) avait dit à peu près la même chose, avec une autre perspective : lutte de classes-révolution-nouvelle société. Joseph Tainter (1949-…) a théorisé l’effondrement des sociétés complexes. Il aurait dit complexification-effondrement-nouveauté. Sous diverses dénominations, et à partir d'observations technologiques ou socio-politiques, le mécanisme est le même. La société est une machinerie sociale et elle fonctionne de façon mécanique. Elle obéit à une logique. Quand cette logique n'est plus adaptée, elle en adopte une autre. Dans la société, les rapports sont fondés sur des intérêts. Tout regroupement social vise à sauvegarder ou à maximiser les intérêts du groupe. La première demande est une demande de sécurité ; ensuite vient la demande d'avantages divers. Dans la machinerie sociale mise en place depuis la Renaissance, la pièce maîtresse qui peut octroyer sécurité et avantages sociaux est l’État. Le culte de l'État se décline sous diverses formes : commémorations, démarches citoyennes, diplômes de l'Education nationale, "défense des services publics" (En France, c'est le centre des impôts et non la boulangerie qui est considérée comme un service public). Le Français, à travers la sécurité sociale, la retraite et les diverses allocations, est un pensionné de l'État. D’autres pièces de la machinerie sociale peuvent produire de la protection et des avantages sociaux : maffias, entreprises, lobbys, religions, associations, institutions régionales ou locales. La relation des citoyens à l’État peut alors devenir, soit distante, soit relative, soit problématique. Pour qu'une société bretonne se développe, quelle que soit sa forme, il faut que la relation des Bretons à l’État français devienne, soit distante, soit relative, soit problématique. La promesse du maintien des pensions doit reposer sur une autre pièce de la machinerie sociale : maffias, entreprises, lobbys, religions, associations, institutions régionales ou locales. L’existence de la communauté bretonne ne suffit pas ; la différence communautaire ne vaut pas légitimité sociale, ni sécurité, ni avantage. |