Quand l’Afrique s’éveillera, la Bretagne renaîtra

En illustration de cette tribune, une photo que j’ai prise dans une rue de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Les vendeurs de drapeaux proposent côte à côte les drapeaux russe et américain. Les USA participent à la modernisation des infrastructures au Burkina. La nouvel axe routier Ouagadougou - Bobodioulasso a été financé par les Etats-Unis.

Mais c’est aussi dans le comportement des ambassadeurs américains que l’on explique cette mansuétude pour ce pays. Lorsque des militaires burkinabés sont tués par les djihadistes l’ambassade américaine met son drapeau en berne. Les ambassadeurs français qui se sont succédé sont tous les mêmes, issus du même moule. Pas la moindre empathie pour les morts, bien au contraire ils donnent des leçons. Ils sont arrogants, suffisants et méprisants.

Quant à l’armée française, présente pour défendre les intérêts économiques tricolores, elle est le jouet d’un État français qui continue sa politique néo-colonialiste ceci depuis les fausses indépendances de 1960. Si plus de 80 leaders africains ont été assassinés nous retiendrons les 23 présidents ou futurs présidents que la Françafrique a éliminé souvent par l’intermédiaire de ses larbins locaux, empêchant par là-même ces pays de toute possibilité d’émancipation et de prise en main de leur économie en toute souveraineté.

A titre d’exemple nous retiendrons le nom de Thomas Sankara qui mettait en place avec le soutien populaire un Burkina Faso non aligné et qui combattait la corruption souvent générée par l’ancienne puissance coloniale. C’est ainsi que Blaise Compaoré, le supplétif de la France élimina son « ami » pour installer un régime autoritaire et corrompu. Sous son pouvoir les djihadistes se tenaient tranquille, car Compaoré négociait avec eux des avantages économiques et financiers profitables aux deux camps, ou plutôt profitable à son clan bien sûr, pas à son peuple. La révolte légitime du peuple et notamment de la jeunesse burkinabé le chassa du pouvoir. Il fut extrait à la dernière minute du Burkina par un hélicoptère de l’armée française qui l’emmena se réfugier en Côte d’Ivoire, pays où les présidents qui se succèdent sont des serviteurs zélés de la France.

Son frère François Compaoré un être particulièrement odieux qui menait grande vie sous le règne de son frère et qui a les mains tachées du sang de ses victimes est toujours réfugié en France alors qu’un mandat d’arrêt a été délivré par les autorités burkinabés afin qu’il soit jugé. Il est, entres autres meurtres, l’auteur de l’élimination du journaliste Norbert Zongo en 1998. Celui-ci enquêtait sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré.

Ainsi va la France étatique qui abrite ses protégés, fussent-ils les pires crapules.

Imbibés que nous sommes d’information tronquée via l’agence d’État AFP qui est la source principale de tous les médias français, nous pensons qu’au Mali, Burkina, Guinée et maintenant Niger Wagner est aux commandes. C’est méconnaître la culture politique africaine et la liberté de penser des Africains, notamment de sa jeunesse. Aujourd’hui des vendeurs ambulants peuvent proposer des drapeaux américains et russes. Nous, occidentaux qui sommes trop souvent binaires, terriblement manichéens nous avons du mal à comprendre cette démarche.

Pourtant c’est simple, les pays qui les respectent sont appréciés. Ceux qui les méprisent sont chassés. Combien de temps tiendrait un vendeur ambulant dans les rues de Ouagadougou, Bamako ou Niamey s’il vendait des drapeaux français ?
Même pour les brûler, la jeunesse préfère les prendre sur les bâtiments des ambassades !

Le mépris des hauts fonctionnaires français en Afrique nous le connaissons aussi en Bretagne. J’ai eu l’occasion de rencontrer des préfets, sous-préfets et autres énarques. Leur attitude est toujours la même lorsque nous présentons nos doléances en tant que Bretons. Même comportement que ces ambassadeurs en Afrique. Ils ne comprennent pas que nous ne nous satisfaisions pas d’être des francophones membres de la république qui détient la culture qui illumine le monde.

Ils nous accusent de séparatisme, comme le sous-préfet de Morlaix à une époque récente qui recevait une délégation de chefs d’entreprises et de responsables syndicaux et associatifs, ceci à l’initiative de Bretagne Réunie. Alors que nous lui avions exposé tous les bienfaits d’une Bretagne réunifiée tant sur le plan sociétal que sur le plan économique, après nous avoir écouté longuement sans décrocher un seul mot, il nous dit d’un ton péremptoire « je ne peux cautionner votre séparatisme ».

En Afrique les peuples ne veulent plus être les subordonnés de cette France néo-coloniale.

Le passé tragique des massacres et de la terre brulée resurgit avec une acuité d’une force incroyable. La mémoire d’un peuple ne s’efface pas si facilement. Les psychologues disent qu’il faut 10 générations pour qu’un peuple oublie un génocide subi. 250 ans, deux siècles et demi. La jeunesse là-bas ne veut plus vivre pauvre sur un continent riche.

Car l’Afrique est riche, riche de ses minéraux, terres rares, pétrole et gaz et l’avenir peut être prometteur pour eux, notamment avec l’hydrogène vert produit à partir de l’énergie renouvelable qui mettrait l’Afrique dans les premiers producteurs au monde.

Dans beaucoup de domaines, la Bretagne a aussi ses chances et ne doit pas sombrer avec la France. Le temps est venu pour engager des solidarités internationales avec des peuples qui s’émancipent de cette ancienne puissance déchue mais toujours nocives et de construire un projet breton. D’autant que, nous l’avons compris, pour nos maîtres nous ne sommes pas compatibles avec leur république.


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Mercuriale septembre 2023