Jules et Edmond de Goncourt

Jules (1830-1870) et Edmond 

de Goncourt (1822-1896)


             

" Dans toutes les sociétés qui se sont succédé depuis le commencement du monde, il y a eu un athéisme des intelligences supérieures, mais je ne connais pas encore de société ayant subsisté avec l'athéisme des gens d'en bas, des besogneux, des nécessiteux "
(Journal des Goncourt, 11 avril 1882)


          Intelligences supérieures, croyez-vous en Goncourt ?

         Les deux frères, qui ont donné leur nom à l'Académie et au Prix Goncourt, ont
fréquenté tous les grands noms de la littérature de l'époque. Leur journal (continué seul par Edmond à partir du décès de Jules en 1870) est émaillé de conversations de salon au cours desquels s'expriment
l'affection qui le liait à Alphonse Daudet, mais aussi de faits assez éloignés de l'imagerie officielle, comme la germanophilie d'Ernest Renan pendant la guerre de 70, ou les combines mondaines et un peu enfantines d'Émile Zola.
        Edmond exprime aussi par le menu ses démêlés avec le critique Francisque Sarcey (NB : C'est à ce Sarcey, ancien de l'Ecole Normale Supérieure, que l'on doit cette phrase digne des grands philosophes rationalistes : " Les paysans bretons sont si ignorants qu'ils croient en l'influence de la lune sur les marées. " ).

         La fréquence des agapes avec le "ménage Zola" (Émile est un écrivain de gauche) et avec le "ménage Daudet" (Alphonse est lié à Edouard Drumont, l'auteur de La France Juive)  montre que nos écrivains gardent, malgré le temps et les polémiques qui passent, l'esprit et l'estomac largement ouverts.


            Cela dit, pour rester dans mon rôle d'observateur sarcastique des gloires françaises, je ne résiste pas au plaisir de rapporter quelques extraits du Journal des Goncourt sur les Juifs. Oh bien sûr, Edmond de Goncourt n'était pas aussi obsédé par la question que son ami Drumont. Et puis, c'était dans l'air du temps !  L'air du temps...
          N'empêche, le Journal des Goncourt permet de percevoir, à plus de cent ans de distance, la persistance du rejet des différences collectives, discours toujours enrobé d'une tolérance pour quelques individus de la communauté honnie.
          C'est ça, l'esprit frondeur français ! (voir aussi l'étude sur la tolérance).


Petite mise en bouche pour les Bretons, les Corses, etc...( pour qu'ils achètent "naturellement" le prochain Goncourt)

Les provinciaux n'ont rien inventé :


           Moi, il n'y a que les Parisiens qui m'intéressent... Les provinciaux, les paysans, tout le reste de l'humanité, enfin, c'est pour moi de l'histoire naturelle.
(Journal des Goncourt, 8 novembre 1881)

Les Juifs ont inventé la marchandisation du monde :

            A propos du juif qui, pendant la guerre, avait demandé à être décoré, et avait offert pour ce, de verser 30 000 francs, à la souscription de chaussures, lancée par Thiers, quelqu'un disait ce soir, que le caractère de la race juive diffère absolument du caractère de la race aryenne, en ce que chez cette race, toute chose au monde a une évaluation en argent. Or, pour le juif, la croix c'est telle somme, l'amour d'une femme du monde c'est telle somme, une vieille savate, c'est telle autre somme. Ainsi dans une cervelle sémite tout est tarifé : choses honorifiques, choses de coeur, choses quelconques.
(Journal des Goncourt, 1er mai 1893)

Les Juifs ont inventé le sex-shop :

            Dans l'espèce de foire, qui se tient actuellement autour des bâtiments de la source de la Grande-Grille, il y a un étalage en plein air, au coin duquel se tient un vilain juif, à l'oeil dormant d'un chat qui guette sa proie. Ce sont des bandages, des seringues à injections, un tas d'objets louches, énigmatiques parmi lesquels figurent des anneaux de Vénus, des rondelles de caoutchouc dentelées, au moyen desquelles, un peintre me disait qu'on procure à la femme des jouissances cataleptiques; Or, c'est amusant, devant le mystère de cette boutique sous une tente, où le marchand fait la bête, de voir s'arrêter des femmes cherchant à comprendre ce qu'on y vend, et tout à coup devinant le commerce de l'endroit, s'enfuyant toutes rouges, inquiètes, si un passant a surpris leur attention devant l'étalage.
(Journal des Goncourt, 9 juin 1893)

Les Juifs arrêtent d'inventer à partir d'un certain âge :

           Chez les Sémites, le cerveau ne se développe que jusqu'à 25 ans ; chez les Aryens, le développement dépasserait de beaucoup cet âge. Cette particularité du cerveau s'appellerait : le mur.
(Journal des Goncourt, 3 octobre 1893)

Quand ils n'inventent plus, ils écorchent la langue française :

           Exposition Marie-Antoinette. Quelque chose portant sur les nerfs à cette exposition. On n'y entend que du français passant par le rauque gosier juif d'un Francfortois, et cette exposition prend le caractère d'une exposition israélite.
(Journal des Goncourt, 19 avril 1894)

Les Juifs n'écorchent pas que la langue française :

            C'est curieux et personnel à la race hébraïque, l'autopsie avait lieu le plus souvent chez un banquier, chez un riche juif de l'endroit, dont les enfants voulaient préserver leur avenir, des maladies de leur père. Et l'autopsie faite, le professeur lisait aux hommes de la famille assemblés, ses notes qui leur disaient : "Attention à tel organe !"
(Journal des Goncourt, 19 avril 1894)

Avant l'autopsie, les observations cliniques :

              Quant aux dessins à la plume, représentant des types juifs, Tissot nous les montre portraiturés dans la vérité du type juif autochtone, et donnant très exactement ces grands nez courbes, ces sourcils broussailleux, ces barbes en éventail, ces regards précautionneux soulevant de lourdes paupières, et les pensées calculatrices, et les jovialités mauvaises, et la perfide cautèle, sous la bouffisssure de graisse de ces faces.
(Journal des Goncourt, 18 juin 1894)

Le complot !

        On cause ce matin des livres d'éducation à l'usage des enfants, maintenant écrits pour des grands garçons, pour des grandes filles, et tout à fait incompréhensibles pour de jeunes cervelles.
           Là dessus, Madame Daudet dit - et elle est dans le vrai - que celà vient de ce que, lorsqu'un républicain rouge ou un juif a fabriqué un de ces petits traités, le gouvernement veut, aussitôt, lui faire cadeau de la vente d'une dizaine de mille d'exemplaires.
(Journal des Goncourt, 8 août 1895)


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Contreculture / Goncourt version 1.1