constitution

Constitution française de 1958




       L'avant-projet de la constitution a été rédigé par un petit nombre de personnes, comme celà avait été le cas pour les autres constitutions "autoritaires" : celles de l'an VIII, X, XII, et 1852. 

          La personne la plus influente dans cet avant-projet fut le général de Gaulle, ce qui explique les préoccupations de type militaire qui caractérise cette constitution, l'autorité de l'Etat en particulier. 


          La première ébauche fut discutée devant le comité des ministres d'Etat présidé par le général de Gaulle, M. Michel Debré étant le rapporteur. Les avis du Comité Consultatif, constitué de parlementaires, furent presque tous rejetés. Le projet fut alors soumis au Conseil d'Etat, puis au Conseil des ministres, qui l'accepta le 4 septembre. Il fut soumis à un référendum le 28 septembre 1958, et le "oui" l'emporta à une écrasante majorité.

         La Constitution fut promulguée le 4 octobre 1958. Le général de Gaulle fut élu président de la République le 21 décembre.



Observation sémantique

         Une rapide observation sémantique nous montre que les termes concernant l'autorité de l'Etat sont largement plus nombreux que les termes concernant les élus ou les élections. Les préoccupations concernant la liberté et le peuple apparaissent comme très secondaires.

Termes et dérivés Nombre d'occurences
Nation, national 63
Gouvernement, gouverner 52
Président de la république 38
Autorité, pouvoir, Etat 36
Elu, élection, électorat 30
Liberté 8
Peuple, populaire 7



Les articles

Art. 1. -  La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.

        Indivisible et démocratique... Il y a contradiction flagrante.  En effet, le droit de sécession est un droit démocratique, reconnu et codifié par les instances internationales. Voir Indivisibilité
        



Art. 2. -
La langue de la République est le français
L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L'hymne national est la Marseillaise.
La devise de la République est Liberté, Egalité, Fraternité.
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

        Celà claque comme un ordre militaire...
        La France est un des seuls états à imposer une langue unique officielle...



Art. 7. -
Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n'est pas obtenue au premier tour de scrutin, il est procédé, le quatorzième jour suivant, à un second tour. Seuls peuvent s'y présenter les deux candidats qui, le cas échéant après retrait de candidats plus favorisés, se trouvent avoir recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour.

Le scrutin est ouvert sur convocation du Gouvernement. (...)


        Si le peuple est le souverain, comment le Gouvernement peut-il le " convoquer " ?



Art. 10. -
Le Président de la République promulgue les lois dans les quinze jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée.
Il peut, avant l'expiration de ce délai, demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ces articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée.

        Intrusion de l'exécutif dans le législatif.



Art. 12. -
Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale.
Les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.
L'Assemblée nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection. Si cette réunion a lieu en dehors de la période prévue pour la session ordinaire, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze jours.
Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit ces élections.

        Là encore, primauté du gouvernement sur les représentants du peuple.


Article 13. [Entrée en vigueur dans les conditions fixées par les lois et lois organiques nécessaires à leur application (article 46-I de la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008)]
Le Président de la République signe les ordonnances et les décrets délibérés en conseil des ministres.

Il nomme aux emplois civils et militaires de l'État.
Les conseillers d'État, le grand chancelier de la Légion d'honneur, les ambassadeurs et envoyés extraordinaires, les conseillers maîtres à la Cour des comptes, les préfets, les représentants de l'État dans les collectivités d'outre-mer régies par l'article 74 et en Nouvelle-Calédonie, les officiers généraux, les recteurs des académies, les directeurs des administrations centrales sont nommés en conseil des ministres. (...)

        Dans les démocraties fortes, bien des postes publics sont soumis à l'élection, et non au choix du gouvernement.



Art. 16. -
Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des présidents des assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.
Il en informe la nation par un message.
Ces mesures doivent être inspirées par la volonté d'assurer aux pouvoirs publics constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d'accomplir leur mission. Le Conseil constitutionnel est consulté à leur sujet.
Le Parlement se réunit de plein droit.
L'Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l'exercice des pouvoirs exceptionnels.
Après trente jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le Président de l'Assemblée nationale, le Président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d'examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée.
C. De Gaulle
Charles de Gaulle, premier président de la Cinquième république

        Cet l'article permet  au Président de la république, quel qu'il soit, de disposer d'un pouvoir dictatorial.



Art. 17. -
Le Président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel.
        
        Intrusion de l'exécutif dans le judiciaire.




Art. 18. -
Le Président de la République communique avec les deux assemblées du Parlement par des messages qu'il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat.

           Aucun débat...


Art. 27. -
Tout mandat impératif est nul.

             Voir Programme de Belleville


Art. 38. -
Le Gouvernement peut, pour l'exécution de son programme, demander au Parlement l'autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
Les ordonnances sont prises en conseil des ministres après avis du Conseil d'État. Elles entrent en vigueur dès leur publication mais deviennent caduques si le projet de loi de ratification n'est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi d'habilitation. Elles ne peuvent être ratifiées que de manière expresse.
A l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent article, les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans les matières qui sont du domaine législatif.

             Encore l'empiètement de l'exécutif (le gouvernement) sur les assemblées élues...


Article 49. [entrée en vigueur le 1er mars 2009] Le Premier ministre, après délibération du conseil des ministres, engage devant l'Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement sur son programme ou éventuellement sur une déclaration de politique générale.
L'Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une telle motion n'est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l'Assemblée nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu'à la majorité des membres composant l'Assemblée. Sauf dans le cas prévu à l'alinéa ci-dessous, un député ne peut être signataire de plus de trois motions de censure au cours d'une même session ordinaire et de plus d'une au cours d'une même session extraordinaire.
Le Premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale sur le vote d'un projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. Le Premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session.

Le Premier ministre a la faculté de demander au Sénat l'approbation d'une déclaration de politique générale.


                Encore ...


Art. 53. -
Les traités de paix, les traités de commerce, les traités ou accords relatifs à l'organisation internationale, ceux qui engagent les finances de l'Etat, ceux qui modifient des dispositions de nature législative, ceux qui sont relatifs à l'état des personnes, ceux qui comportent cession, échange ou adjonction de territoire, ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu'en vertu d'une loi.
Ils ne prennent effet qu'après avoir été ratifiés ou approuvés.
Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n'est valable sans le consentement des populations intéressées.

             En contradiction avec l' " indivisibilité "...



            Article 88 : voir l'article "Civilisations"



Pour en savoir plus : Les Constitutions de la France depuis 1789, Ed Garnier Flammarion, 1970 ; Voir aussi les sites internet gouvernementaux, compte tenu des modifications successives de la Constitution.


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