Friedrich Engels

Karl Marx et Friedrich Engels sont-ils les ancêtres de l'anti-communautarisme ?


(Accusés, levez-vous !)

Karl Marx
 
 
        L’anticommunautarisme, c’est la rouge cerise sur le gâteau jacobin. Mais ce n’est pas qu’un fruit de saison. Pour enfiler les métaphores patissières, c’est aussi la tarte à la crème d’un certain communisme en déshérence.
 
        Il y a un siècle, August Bebel (1840-1913) affirmait que l’antisémitisme était le socialisme des imbéciles. Aujourd’hui, ce socialisme-là a évolué. D'abord, on ne traite plus quelqu'un d'imbécile, surtout s'il est socialiste.  Ensuite, ce socialisme alternatif s’est épanoui en trois fleurs « anti » : antimondialisme, antiaméricanisme, anticommunautarisme. Le triple rejet des Juifs, pour cause de cosmopolitisme, de puissance d’argent et d’étrangeté insoluble, se trouve ainsi décliné avec élégance.

         Les tenants du triple rejet se justifient par leur référence au "social" et à la « lutte des classes ».
 
       Opposer mondialisme et internationalisme, même en usant d'acrobaties dialectiques, restera un exercice ambigu. La crainte devant l'industrialisation des pays émergents s'y mélange avec les anciens réflexes coloniaux. L'anti-américanisme, qui oppose le modèle franchouillard au rêve américain, procède plus sûrement du désir mimétique que de la lutte des classes. Reste le troisème rejet, celui du communataire au nom du social.

        Karl Marx, qui affirma que « les ouvriers n’ont pas de patrie » (Manifeste du Parti communiste) ou « les gouvernements nationaux ne font qu’un contre le prolétariat » (la guerre civile en France) eut à lutter toute sa vie, dans son propre camp, contre des idées et des initiatives qui ressemblent furieusement à notre moderne anti-communautarisme.
 

Ferdinand Lassalle  (1825 - 1864)

Ferdinand Lassalle
Ferdinand Lassalle
   Un de ses premiers adversaires fut Ferdinand Lassalle, fondateur du Parti Socialiste allemand. Qui était Ferdinand Lassalle ? En quoi pourrait-il être un ancêtre de l’anticommunautarisme de gauche ?
 
    Très francophile, Ferdinand Lassal, fils d'un riche négociant de Breslau, françisa son nom en 1846 pour se faire appeler Lassalle. A la différence des thèses marxistes, il considère que seul l'État peut garantir l’ordre, le droit et la justice. La justice sociale et le socialisme seront octroyés par l’État tout puissant. Selon Lassalle, " [l’État] pourra réaliser pour chacun d'entre nous ce qu'aucun d'entre nous ne peut réaliser pour lui-même" . On est en plein dans le rêve de l’État-providence et de son corollaire, la République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

   Lassalle est antilibéral ; pour lui, justice sociale et liberté sont contradictoires. Devant un tribunal prussien, il affirme : « Je défends avec vous, contre ces modernes barbares [la bourgeoisie libérale], l'État, cette vestale qui garde le feu immémorial de la civilisation. »
        A partir de 1862, dans le combat entre les absolutistes et les libéraux prussiens, Lassalle prend résolument position pour le gouvernement autoritaire et centralisateur de Bismarck. Il tente de négocier avec le chancelier l’instauration du suffrage universel, arguant qu’une telle réforme serait favorable à la puissance prussienne.

        Lassalle est allemand, très allemand :

       "Vous savez que libéral et progressiste signifie petit-allemand. Ce parti a constamment cherché à exclure de l'Allemagne les territoires autrichiens. dans ce but, il a tenté d'abolir dans la conscience de la nation le caractère allemand de ces pays. Il y avait presque réussi. C'est nous, c'est l'Association générale des Ouvriers Allemands, et c'est un de nos titres de gloire et de fierté, c'est nous qui les premiers avons rompu avec cette distinction artificielle, anti-naturelle, qui avons planté notre drapeau en Autriche comme dans les autres Etats allemands (...)"
(F. Lassale. La propagande de l'Association générale des ouvriers allemands et les promesses du roi de Prusse.
in : Discours et Pamphlets de Ferdinand Lassalle, Bibliothèque socialiste internationale, Ed Giard, 1903. Accessible sur bnf.fallica.fr)
 
        Marx savait que l’antilibéralisme de Lassale était d’essence absolutiste :
      « Lassalle savait par cœur le Manifeste communiste, de même que ses fidèles savent les saints écrits dont il est l'auteur. S'il le falsifiait aussi grossièrement, ce n'était que pour farder son alliance avec les adversaires absolutistes et féodaux contre la bourgeoisie. » (Critique du programme de Gotha)
 
       Marx caractérisait les idées de Lassalle comme un bonapartisme et un socialisme royal prussien gouvernemental. (L’anticommunautarisme de gauche actuel pourrait se définir, de la même manière, comme un socialisme républicain français gouvernemental)
 

Le programme de Gotha (1875)

        A la mort de Lassalle, en 1864, les socialistes vont chercher à se coaliser. Cette coalition aboutira au programme de Gotha, en mars 1875. Là encore, Marx devra réagir et écrira sa Critique du programme de Gotha.
 
        Un des principaux thèmes de cette critique est la conception de « l’État libre » exprimée dans le programme :
 
" L'Etat libre, qu'est-ce à dire ?  Faire l'Etat libre, ce n'est nullement le but des travailleurs qui se sont dégagés de la mentalité bornée de sujets soumis. (…). La liberté consiste à transformer l'Etat, organisme qui est mis au-dessus de la société, en un organisme entièrement subordonné à elle (…). "

             Selon Marx, l’État est un organisme qui doit être entièrement subordonné à la société. Cette position rejoint la différence classique entre nationalité et citoyenneté, que la tradition française refuse de reconnaître.
            "L'État est au dessus de la société" énonce le programme de Gotha. "Au commencement était le Verbe" proclame l'Apocalypse de Saint Jean. "Rien au-dessus de la République" est le canon de nos nouveaux théologiens.

      "... La dimension universaliste de la nation en est profondément fragilisée, et celà au moment même où chacun constate bien que la France peine à faire face aux défis qui sont les siens aujourd'hui. Or cet universalisme est primordial dans le cas français où le sens de la nation a été avant tout (mais pas seulement) l'idée politique que la France rassemble les citoyens français et non les membres de telle ou telle ethnie ou de tel ou tel groupe humain ". (p 34)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)
 

Eugen Dürhing (1833 - 1921)

 
           Marx et Engels, après leur critique du programme de Gotha, n’étaient pas au bout de leurs peines. La socialisme allemand s’entichera des idées d'Eugen Dühring, qui professait un socialisme dont les grandes lignes se prolongent jusqu’à nos jours, y compris sous le masque du marxisme.
 
            Dans son ouvrage Anti-Dühring (1878), Engels décrit le fossé entre le marxisme et ce sous-communisme, pétri d’arrogance nationale (prussienne). La transposition dans le temps et dans l’espace vaut le détour.

Les vérités éternelles

Eugen Dühring
Eugen Dühring
          L’aspect le plus visible de la pensée de Dühring est le rejet de la dialectique et le retour à des vérités éternelles. Nous en connaissons de semblables. La France une et indivisible est la première vérité éternelle qui nous vient à l’esprit. L'anti-communautarisme nous en révèle d'autres.
 
" Le fond anthropologique français est en effet marqué par la croyance profonde -tout autant consciente et politique qu'inconsciente - que les hommes sont égaux." (p 157)

En France, on peut imaginer que la force de la réaction à la multiplication des cas de jeunes filles voilées provient de notre allergie aux comportements endogamiques." (p 158)

" Il n'est pas question ici de nier le caractère patriarcal de la culture maghrébine." (p 159)

"Plus en profondeur, c'est de notre croyance en l'égalité des hommes..." (p 160)

(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)

L'anti-communautarisme reprend les accents de Jules Ferry et du colonialisme de la Troisième république :

"L'objectif [est] que la France reprenne sa vocation à l'universel partout où elle est, de par son histoire, particulièrement amenée à le faire." (p 176)

(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)


Au verbiage universel-colonialiste de Dühring, Engels oppose la dialectique.
 
Engels : " C'est pourquoi nous repoussons toute prétention de nous imposer quelque dogmatisme moral que ce soit comme loi éthique éternelle, définitive, désormais immuable, sous le prétexte que le monde moral a lui aussi ses principes permanents qui sont au-dessus de l'histoire et des différences nationales.(…) "

Autour du concept d'égalité

L’égalité professée par Dühring ressemble à s’y méprendre à l’égalité républicaine dont nous bassinent les anticommunautaristes. Engels fait heureusement un sort à cette conception fantasmatique de l’égalité :

" Pour établir l'axiome de base que deux hommes et leurs vouloirs sont entièrement égaux l'un à l'autre et qu'aucun des deux n'a rien à commander à l'autre, nous ne pouvons nullement utiliser deux hommes quelconques. Il faut que ce soient deux hommes qui sont tellement affranchis de toute réalité, de tous les rapports nationaux, économiques, politiques et religieux existant sur terre, de toutes les propriétés sexuelles et personnelles, qu'il ne reste de l'un comme de l'autre que le simple concept d'homme : c'est alors seulement qu'ils sont “pleinement égaux”. Deux fantômes intégraux, évoqués par ce même M. Dühring qui partout flaire et dénonce des démarches “spirites”. Ces deux spectres sont naturellement obligés de faire tout ce que celui qui les évoque exige d'eux, et c'est justement pourquoi tous leurs tours de force sont suprêmement indifférents au reste du monde. "

La loi, impératif moral :

" Celui-ci n'est en rien problématique dans une république laïque comme la France tant qu'il demeure respectueux de la sanctuarisation de l'espace public..." (p 20)
"... L'initiative du député-maire de Bègles, Noël Mamère, de marier deux hommes homosexuels dans sa mairie, au mépris de la loi..." (p 52)
" En démocratie, les individus peuvent se regrouper comme bon leur semble tant qu'ils n'enfreignent pas la loi ..." (p 173)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)

 
L'hypocrisie de ce qu’on appelle aujourd’hui la « démarche citoyenne » est mise en lumière par le grand  pote de Marx :

[Dühring]  Le caractère de groupes naturels entiers et de classes de civilisation entières peut faire une nécessité inéluctable de l'assujettissement de leur volonté hostile par perversité, en vue de la ramener aux liens collectifs. Ici encore, la volonté d'autrui est considérée comme pourvue d'un droit égal; mais par la perversité de son action préjudiciable et hostile, elle a provoqué une compensation, et lorsqu'il lui est fait violence, elle ne récolte que le contrecoup de sa propre injustice.
 
[Engels]  Ainsi, non seulement l'inégalité morale, mais aussi l'inégalité intellectuelle suffit pour éliminer la “ pleine égalité ” des deux volontés et pour établir une morale qui justifie toutes les infamies des États de proie civilisés contre des peuples arriérés, jusqu'aux atrocités des Russes au Turkestan (…).

L'arnaque dénoncée par Engels est aujourd'hui devenue l'arnaque anti-communautariste :

" Répétons-le, la République a elle-même imaginé le cadre privé dans lequel les affinités communautaires peuvent librement s'exprimer, tout en imaginant une cité politique où l'intérêt général porte les individus au delà de leurs particularismes privés, quels qu'ils soient (ethniques, de genre, religieux, mais aussi sociaux). (p 178)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)

Engels achève de démolir les escroqueries de Dühring sur l'égalité, qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux fantasmagories "citoyennes" sur les mêmes sujets :
 
     " Nous pouvons en rester là. Il est superflu de suivre plus avant M. Dühring dans la démolition pièce par pièce de son égalité construite d'une façon si axiomatique, de sa souveraineté humaine universelle, etc.; d'observer comment il confectionne, il est vrai, sa société avec deux hommes, mais a besoin d'un troisième pour établir l'État, parce que, - pour résumer brièvement la chose, - sans ce tiers participant, nulles décisions ne peuvent être prises à la majorité et que sans ces décisions, donc sans domination de la majorité sur la minorité, aucun État ne peut exister; et comment il gagne ensuite peu à peu une voie plus calme pour construire son État “ socialitaire ” de l'avenir, où nous aurons un beau matin l'honneur de lui rendre visite.

         Nous avons suffisamment vu que la pleine égalité des deux volontés ne subsiste que tant que ces deux volontés ne veulent rien ; que dès qu'elles cessent d'être des volontés humaines en tant que telles et se transforment en volontés réelles individuelles, en volontés de deux hommes réels, l'égalité cesse aussi; que l'enfance, la folie, la prétendue bestialité, la soi-disant superstition, le préjugé supposé, l'incapacité présumée d'une part, la prétention à l'humanité, à l'intellection de la vérité et de la science d'autre part, que donc toute différence dans la qualité des deux volontés et dans celle des intelligences qui les accompagnent justifie une inégalité qui peut aller jusqu'à l'assujettissement.(…)

 
Ainsi, l'idée d'égalité, tant sous sa forme bourgeoise que sous sa forme prolétarienne, est elle-même un produit de l'histoire, dont la création suppose nécessairement des rapports historiques déterminés, lesquels, à leur tour, supposent une longue histoire antérieure. Elle est donc tout ce qu'on voudra, sauf une vérité éternelle.(…)

L'égalité entre des volontés "qui ne veulent rien" , on connait ...

" Tant que les communautés sont des affaires strictement privées et qu'elles n'empiètent pas sur les libertés de l'individu, elles peuvent être parfaitement tolérées. A ces deux premiers critères, il faudrait aussi rajouter deux critères supplémentaires : l'absence de volonté de droits ou de législations spécifiques et la tolérance aux critiques. " (p 178)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)

La liberté

           Autour du concept de liberté dans l'espace politique public, Dühring et les anticommunautaristes de gauche se rejoignent ; ils portent tous deux un "gendarme dans le coeur". Une différence toutefois : nos anti-communautaristes recommandent de confier cette fonction gendarmesque à l'Education nationale...

" Nul particularisme dans l'espace public, toute liberté aux particuliers de s'exprimer dans l'espace privé." (p 177)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)
 
[Engels] " La souveraineté de l'individu consiste essentiellement en ceci que “vis-à-vis de l'État, l'individu est dans un état de contrainte absolue”, mais cette contrainte ne peut se justifier que dans la mesure où “elle sert réellement la justice naturelle ”. (…).
En vérité, M. Dühring a déjà si souvent fait ses preuves de brave Prussien ! Il se montre ici l'égal de ce Prussien modèle qui, d'après feu le ministre von Rochow, “ porte son gendarme dans le cœur ”.

On mène les moutons, non plus avec le bâton du gendarme, mais avec le  "patriotisme doux"  de l'instituteur. Celui-ci devient le nouveau garant de la soumission.

La fermeté de la république et le patriotisme doux qui doit lui être adjoint repose notamment sur notre capacité à transmettre par l'Education nationale mais aussi par la tenue quotidienne d'un gouvernement républicain un ensemble de valeurs concrètes qu'il s'agit d'illustrer réellement " (p 177)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)


La religion

          A propos de la religion, on croirait entendre, dans les propos de Dürhing, ceux de nos libre-penseurs anticommunautaristes :
 
[Dühring] “ Dans la libre société, il ne peut y avoir de culte ; car chacun de ses membres a dépassé l'illusion primitive et enfantine que derrière la nature ou au-dessus d'elle, il y a des êtres sur lesquels on peut agir par sacrifices ou prières. [Un] système de socialité correctement compris doit donc... abolir tout l'appareil de la sorcellerie cléricale et, par suite, tous les éléments essentiels des cultes. ”

          Engels explique alors sa conception de l’origine des religions, et leur évolution vers la fin de Dieu (« Dieu, c'est-à-dire la domination étrangère du mode de production capitaliste »). On adhère ou pas à cette conception ; mais elle est en tout cas plus ouverte que celle de Dühring et de la laïcité militante française.
 
[Engels] " Lorsque la société, par la prise de possession et le maniement planifié de l'ensemble des moyens de production, se sera délivrée et aura délivré tous ses membres de la servitude où les tiennent présentement ces moyens de production produits par eux-mêmes, mais se dressant en face d'eux comme une puissance étrangère accablante; lorsque donc l'homme cessera de simplement proposer, mais aussi disposera, - c'est alors seulement que disparaîtra la dernière puissance étrangère qui se reflète encore dans la religion, et que par là disparaîtra le reflet religieux lui-même, pour la bonne raison qu'il n'y aura plus rien à refléter.(…)
M. Dühring ne peut pas attendre que la religion meure de cette mort naturelle qui lui est promise. Il procède de façon plus radicale. Il est plus bismarckien que Bismarck; il décrète des lois de mai aggravées, non seulement contre le catholicisme, mais contre toute religion en général; il lance ses gendarmes de l'avenir à la poursuite de la religion (…)

  Les langues

     En ce qui concerne les langues, Dühring est l’apôtre du repli prussien, comme les anticommunautaristes le sont du repli français.
 
[Dühring] “ Les langues mortes sont complètement laissées de côté... Quant aux langues étrangères vivantes... elles resteront quelque chose d'accessoire. ”

En France, le pluralisme linguistique réveille un délire apocalytique :

"... Elle
[La Charte européenne des langues régionales et minoritaires] énumère la liste des obligations contraignantes qui s'appliqueront aux États qui ratifieront la Charte et qui l'obligeront notamment à donner - pour les "minorités" considérées - le droit à utiliser leur "langue minoritaire" dans leurs relations avec l'administration et l'État.
 Les concepteurs de la Charte l'ont imaginée comme un cheval de Troie des ethnonationalismes pour détruire les 
États-nations et l'espace français en particulier." (p 145)

"Frauduleusement présentée comme visant à la défense d' "identités" linguistiques menacées, la mise en oeuvre de la Charte des langues régionales et minoritaires (...) ne signifierait rien de moins que l'explosion du cadre politique français et le fractionnement de la France en régions prises en otage par des minorités militantes ethnolinguistiques." (p 147)
(Contre le communautarisme. Julien Landfried, Ed Armand Colin 2007)

[Engels]  L'horizon national borné de l'homme d'aujourd'hui est encore beaucoup trop cosmopolite pour M. Dühring. Aussi veut-il abolir encore les deux leviers qui offrent du moins dans le monde actuel l'occasion de se hausser au-dessus du point de vue national borné : la connaissance des langues anciennes qui ouvre, au moins aux hommes de tous les peuples qui ont reçu l'éducation classique, un horizon commun élargi, et la connaissance des langues modernes, nécessaire aux hommes des différentes nations pour pouvoir se comprendre entre eux et s'informer de ce qui se passe en dehors de leurs propres frontières. Par contre, on vous fourrera consciencieusement dans la tête la grammaire de la langue nationale. (…)


 Conclusion

Engels donne sa conclusion à propos de Dühring ; nous l'étendrons à ses continuateurs français, soucieux de la grandeur de la République :

il nous est permis de ramener à des causes personnelles mainte erreur et mainte vanité scientifiques, incompréhensibles autrement, et de résumer notre jugement d'ensemble sur M. Dühring par ces mots : irresponsabilité due à la folie des grandeurs.


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Contreculture / Marx Engels 1.1