Practice

Practice

l'apprentissage de la xénophobie


              Les étrangers sont souvent surpris de la maîtrise avec laquelle les citoyens français expriment leur haine de l'autre.
                Je vais en livrer le secret : nos braves citoyens disposent d'un terrain de practice.
           Ils peuvent s'y entraîner, avec la bénédiction des autorités judiciaires, avant de passer sur le terrain de la grande xénophobie, comme d'autres passent au terrain de golf à 27 trous.


           Ce terrain de practice, ce sont les minorités hexagonales, les Bretons, les Corses, les Alsaciens, les Basques. Ces minorités ont une particularité unique : le monde entier les connait, mais la "sphère publique"  française ne les reconnait pas.
           
Pas d'existence juridique, pas de risque.  Nos sportifs du rejet peuvent se faire les muscles en toute impunité. 

       Il est des intellectuels (et des intellectuelles) anti-communautaristes qui vont jusqu'à s'indigner que les graines qu'ils (elles) ont généreusement semées se mettent à pousser, et que le racisme progresse. Ces gens-là ne connaissent rien à la botanique. Je vais finir par penser que, pour être anti-fasciste, il faut avoir des connaissances agricoles.

            Voici quelques exemples. Il sont nécessaires et suffisants, comme disait mon professeur de mathématiques.

On commence par les Corses ...

11 février 1998. Le « Journal de l'île de la Réunion », dirigé par Philippe Hersant, prend la responsabilité de publier, dans le courrier des lecteurs, le texte suivant :

"Tout le monde sait et dit que les Corses, dans leur immense majorité, ne sont que des voleurs et des profiteurs, des racketteurs et des racistes et quand ils ne sont pas directement engagés dans l'action illégale, ils en sont complices en observant l'Omerta, cette loi du silence que l'on veut nous faire croire inspirée par l'honneur alors qu'elle n'est qu'une manifestation de la trouille, de la couardise et du terrorisme. Ils sucent la Nation française et l'Europe en utilisant des vrais faux certificats administratifs. Et ne parlons pas des assassins jamais poursuivis ou, en tous cas, jamais condamnés même lorsqu'ils sont pris en flagrant délit. Les Corses sont des racistes et ont organisé de façon efficace la préférence régionale et le zoreil déor (en créole : continentaux dehors) "

La Cour d'appel de la Réunion a débouté les plaignants en jugeant :
"Attendu qu'il n'existe ni ethnie, ni nation, ni race, ni religion dite "corse" ; que, dès lors l'article incriminé ne s'inscrit pas dans le champ d'application des dispositions susvisées de la loi du 29 juillet 1881"
(Cour d'appel de Saint-Denis, 11 mars 1999, Philippe Hersant).
(information citée dans : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anticommunautarisme)

Dépêche AFP 14/11/2005 - 17h03

Non-lieu pour Eddy Mitchell, poursuivi par une association corse
La cour d'appel de Versailles a confirmé une ordonnance de non-lieu concernant des propos d'Eddy Mitchell, contre lequel l'Association pour la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la Corse avait porté plainte pour "injure à caractère discriminatoire et raciste", a indiqué lundi le service de presse du chanteur.

Dans l'hebdomadaire Paris-Match daté du 18 au 24 septembre 2003, interrogé sur le fait de savoir s'il faisait des sorties avec Michel Sardou, Eddy Mitchell avait répondu: "Depuis qu'il est sur son île de crétins, pas vraiment". Cette phrase avait conduit l'Association pour la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la Corse et des Corses à déposer une plainte.

Le 2 novembre, la cour d'appel de Versailles a confirmé l'ordonnance de non-lieu rendue par le juge d'instruction de Nanterre.

Les avocats d'Eddy Mitchell, Mes Le Borgne et Leboulanger, avaient fait valoir que le délit d'injure n'était pas constitué, notamment parce que l'expression "île de crétins" ne permettait pas d'identifier la Corse, a indiqué le service de presse du chanteur.
Il a précisé que la cour d'appel avait également estimé que "les Corses ne constituent pas une ethnie, une nation ou une race, au sens de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse".

On continue par les Bretons...

Paroles (et musique, sans doute) du chanteur et humoriste français Jacky Berroyer. 2006

"Ah, connaissez-vous bien la Bretagne, avec ses femmes en coiffe et ses hommes vêtus de pagnes, leurs enfants sont hydrocéphales, les garçons aussi méchants que les filles sont sales.

( Refrain ) En Bretagne, en Bretagne, on boit du jus d'andouille et du sirop d'artichaut et nus dans la lande, ronds comme des chapeaux, on fait la nuit dans la lande des rondes à la lueur des fars aux pruneaux

Et de Quimper jusqu 'à Concarneau, on voit passer des femmes promenant des porcs dans des landaus, pendant que leurs marins de maris se soulagent dans les flots et refusent de signer le protocole de Kyoto.

Et dans les fest-noz qui sont des fêtes nases, ne vous montrez pas chauds comme la braise, vous risquez de prendre dans les grelots, par une paimpolaise, un vieux coup de sabot.

Ah ! les Bretons sont vraiment immondes, ils mangent leurs enfants au lieu de se fournir au Tiers Monde, si on leur reproche ça les fait marrer, c'est leur humour moche noir comme leur marée".
Porter plainte devant une juridiction française pour racisme, injure, incitation à la haine ?

Voici la réponse :

" J'ai l'honneur d'accuser réception de la plainte du collectif que vous présidez, du chef de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, à raison de la diffusion le 2 février 2006 sur la station de radio RTL d'une chanson de l'humoriste Jacky Berroyer consacrée à la Bretagne.

Je porte à votre connaissance les termes de la jurisprudence de la chambre criminelle de la cour de cassation, qui, dans un arrêt du 3 décembre 2002, a précisé que "la communauté corse", qui se définit "par un lien de rattachement géographique et non par rapport à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée", n'entrait pas dans le champ d'application de l'énumération susmentionnée.

J'ai donc procédé au classement sans suite de votre plainte ..."


En France, la justice est française.
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Quand on veut une République une et indivisible,
on se fait les dents impunément sur les Bretons ou les Corses.

Un bon hors-d'oeuvres avant de bouffer du Juif, de l'Arabe ou du Noir .


2008 : Cette fois-ci, ce sont les Ch'tis qui sont dans la cible

Banderole Ch'ti
Le lundi 29 mars 2008, lors du match de football entre l'équipe de Lens et celle du Paris-Saint-Germain, les supporters parisiens ont déployé une banderole de 25 m : "Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch'tis".
En marge du match, des incidents à caractère raciste ont aussi eu lieu, toujours à l'initiative de supporters parisiens.

Plusieurs journaux français ont publié des courriers de soutien aux supporters du PSG. Ces derniers seraient-ils racistes quand ils insultent les noirs, mais marrants quand ils insultent les "provinciaux" ? Pour un peu, ils s'étonneraient que nous ne voulions pas être leurs chiens.

Pour nos bons républicains, les communautés n'existent pas ; sauf quand ils veulent leur cracher dessus.
Le règlement de la FIFA (Fédération internationale de Football) précise : “Si des joueurs, des officiels d’associations ou de clubs, ou des spectateurs font preuve de quelque façon que ce soit d’un comportement raciste ou inhumain au sens des alinéa 1 et/ou 2 du présent article, l’équipe à laquelle ces personnes sont rattachées, tant que possible, se verra retirer d’emblée trois points dès la première infraction...... Pour des matches où aucun point n’est attribué, l’équipe concernée, dans la mesure où on peut l’identifier, sera disqualifiée.”
Evidemment, s'agissant d'un club bien français, parisien de surcroît, ce règlement international ne s'applique pas.

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ContreCulture / Practice version 1.2